colombie #4 : une petite fille aux grands yeux noirs

Publié le par TerreHappy

Dans un bus qui nous ramène d’un petit village à une petite ville, un homme sans âge, avec une petite fille d’environ 6 ans, viennent s’asseoir à côté de nous au fond du bus.

 

De son sac, l’homme sort quelques articles qu’il veut vendre.
Nous avons justement besoin d’un rasoir, n’ayant osé en mettre aucun, non plus que coupe-ongle, lime à ongle ou couteau suisse de pique-nique, dans notre bagage, à cause des nouvelles mesures aériennes très terre-à-terre…

 

J’essaie ensuite de parler avec lui pour comprendre un peu plus pourquoi il en est réduit à vendre ainsi des rasoirs et de la mousse à raser dans un bus aller/retour. J’ai remarqué que le chauffeur du bus, les a reconnus, et qu'il les a laissés monter gratuitement.

 

Les grands yeux noirs de la petite fille me fixent. Je lui souris. Elle ne répond pas à mon sourire. Cependant, elle continue à me fixer de ses grands yeux noirs…





Je n’ose pas lui proposer un bonbon, ils sont en distribution libre dans des petits paniers partout dans la plupart des boutiques en Colombie !

 

Une courte réponse de la part de cet homme que me traduit mon fils :
« 
c’est pour faire manger ma petite fille
 ».

D’où vient cet homme avec sa petite fille ? Est-ce sa propre fille ? Sa petite fille ? Nous ne le saurons pas. Il ne répondra plus.

Plus de passé et sans avenir, cet homme semble survivre au jour le jour. Son unique inquiétude : sa petite fille.

Pour lui, comme pour cette petite fille, nous constatons bien que ce n’est pas "Carpe diem"...



Nous pouvons bien nous imaginer tout ce que nous voulons :

« Qu’une fois qu’il a tout payé ce qu'il y a à payer, il n’a plus assez d’argent pour nourrir correctement sa petite fille et pour se nourrir. Qu’il ne veut surtout pas partir vivre en ville. Que la petite ville où nous nous dirigeons lui fait peur. »

 

Et il y a de quoi, lorsque nous y sommes arrivés vers 18h la veille, nous avons nous-mêmes été étonnés de voir autant d’agitation, et d’entendre autant de bruit dans une si petite ville.

 

«  Que pour lui, c’est pire que la jungle… Que de toute façon, il ne pourrait même pas venir habiter là, ce serait encore plus de frais et là, il n’y a pas de travail pour lui. Qu’il ne sait déjà déjà même pas s’il va pouvoir rester là où il habite, en pleine campagne dans une masure…

 

Ou encore, que c’est l’inverse, qu’il habite dans un taudis de cette petite ville agitée qui n’aurait trouvé que le tourisme de masse pour évoluer… ».




Ce sont quelques unes des interrogations que nous nous posons.

Et il me vient à l’esprit que ces questions pourraient s’appliquer à n’importe quel pays dans le monde.

Mais pour le moment, je suis encore en Colombie…

 

Depuis que je suis rentrée de Colombie, les grands yeux noirs de cette petite fille sont restés gravés dans mon coeur.

Comme si elle continuait à rester assise tout à côté de moi dans ce bus de transit.

 

La petite fille aux grands yeux noirs ne souriait pas.

Elle n’avait aucun jouet dans les mains.

Jusqu’à ce que je descende du bus, elle a continué à me fixer de son unique richesse :

 

Ses grands yeux noirs  !

 

 

Publié dans MigraTransits

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